Atelier de Tissage Fil & Soi, à Bannalec

Mon atelier de tissage permet de continuer à faire exister un métier d’art en voie de disparition. En effet, le tissage à bras est menacé de disparition et pourtant il s’agit d’un patrimoine artisanal étroitement lié à l’histoire de l’humanité.

Si l’on répertorie le métier de tisserand à bras dans les métiers rares de France, c’est parce que depuis le 19e siècle, celui-ci disparait pratiquement au profit de la mécanisation et de l’industrialisation textile.

Aujourd’hui, nous sommes quelques tisserandes et tisserands “rescapés”. Nous faisons perdurer et transmettons cette profession oubliée. Les tisserands de Bretagne sont constitués en syndicat : le Syndicat Professionnel des Tisserands de Bretagne (SPTB).

Nous avons effectué un audit en 2020 et nous programmons une rencontre nationale des tisserands qui nous permettra de faire le point sur notre métier, d’échanger et de nous fédérer.

Le Tissage

Les premières traces de tissage

Le tissage naît au 3ème millénaire avant notre ère, en Mésopotamie. Les premiers tissus connus datent de la fin du Néolithique. On a découvert ces tissus en Turquie et en Palestine.

Vers 1400 avant J.-C., les premiers métiers verticaux apparaissent. La chaîne se tend alors entre deux barres horizontales ; ce sont les premiers métiers de hautes lisses.

Vers 1000 avant J.-C., les métiers horizontaux se constituent d’un cadre rigide et d’un bâton qui est attaché à certains fils de chaîne. Ce bâton permet d’ouvrir la foule (l’espace entre les deux rangées de fils), en la soulevant.

Les pédales apparaissent au Moyen Âge. Elles servent à soulever tour à tour des lisses différentes dans lesquelles entrent les fils. Les pédales permettent, donc, de commencer à créer des dessins.

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Pendant longtemps les moyens sont restés les mêmes, c’est-à-dire une navette de fil de trame qui se glissait à la main dans l’ouverture mais cela limitait la largeur de l’ouvrage. Au 19e siècle, les métiers se dotent de chasse navettes et les largeurs de tissu augmentent.

Le tissage est l’entrecroisement des fils de chaîne (fils verticaux) et des fils de trame (fils horizontaux).

Les matières qui sont tissées selon cette technique traditionnelle du tissage sur un métier à bras sont souvent des matières nobles et naturelles comme le coton, le lin, les laines.

Avant d’exécuter un tissage, il faut monter le métier à tisser. C’est la largeur des métiers qui va définir la largeur du tissu. Pour commencer, le tisserand doit calculer puis monter sa chaîne.

Le tissage de la trame peut alors commencer. L’entrecroisement des fils de chaîne et de trame formeront le tissu.

Le métier à tisser en bois.

Le métier à tisser en bois est le cœur de l’atelier, c’est la pièce maîtresse.

J’utilise un métier de basse lisse en bois. Celui-ci se compose de deux rouleaux que l’on nomme ensouples. Ces rouleaux sont distants de 1,20 m et sont maintenus dans un plan incliné à l’aide de deux jumelles, qui forment la structure du métier.

L’ensouple la plus éloignée est celle qui se trouve à l’arrière du métier à tisser et sur laquelle la chaîne qui a été ourdie s’enroule. C’est « l’ensouple arrière ».

L’ensouple la plus proche du tisserand accueille le tissu à mesure qu’il est tissé. C’est « l’ensouple avant».

Les fils

Tous mes fournisseurs me procurent des fils français, le plus souvent ou européens.

Les fils sont teints à la main sans métaux lourds. Ils ont pratiquement tous le label GOTS, Oekotex ou agriculture biologique.

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J’achète des écheveaux ou des cônes qui sont souvent des pièces uniques car ils ne sont pas reproductibles. Il m’arrive aussi de commander des couleurs particulières pour des pièces particulières.

Mes fournisseurs les plus fréquents sont : 1 ou 2 mailles, la Roulotte des laines, Squirrel’s yarns, Candy wool, Renaissance dyeing, la Maison des fibres, le Jardin des fibres et Merilainos.

Pour les autres, il s’agit de coups de cœur ou de fils rachetés auprès de collègues.

L'ourdissage

L’ourdissage se fait de la manière suivante :

Je commence par calculer le métrage global du fil qui servira de chaîne. Ensuite, j’enroule le fil sur 30 bobines que je place dans un cantre. Le cantre est un cadre de bois qui accueille les différentes bobines sur une tige métallique de façon à ce que celui-ci puisse se dérouler au fur et à mesure.

A partir du cantre, je prends un fil sur chaque bobine et je noue cette “liasse” de fils sur l’ensouple arrière qui est divisée en sections : c’est l’ourdissage.

L'enfilage

L‘enfilage

Il consiste à entrer chaque fil de chaque section dans des lisses. Les lisses ressemblent à des aiguilles. C’est le rentrage du fil dans les lisses qui permet de former le dessin du tissu. On appelle ce dessin l’armure. Cette opération se nomme l‘enfilage.

Une fois que j’ai entré tous les fils, je les passe entre les dents du peigne. Une fois tous les fils passés et vérifiés, je noue chaque liasse de fils à l’ensouple avant et c’est parti pour le tissage de la trame.